© Marielle Rossignol
EXPOSITION
DU 6 DÉCEMBRE 2024 AU 27 JANVIER 2025
VERNISSAGE VENDREDI 6 DÉCEMBRE 2024
Médiathèque Départementale Pierresvives, avenue du Professeur Blayac, Montpellier
UNE ARCHITECTURE QUI ABRITE LA VIE
UN PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE DE LA PAILLADE
En 1964, les premier·es habitant·es emménageaient dans des immeubles qui venaient d’être érigés sur ce qui était jusque là un champ de vignes. La Paillade sortait de terre, flambant neuve et prometteuse. 50 ans après, la Paillade est passée de “rêve” à “cité”, un “quartier sensible” qui, si l’on en croit ce qui se dit, ressemblerait plutôt à un champ de ruines. En 2024, un grand chantier de rénovation urbaine est en cours. Alors que la tour d’Assas disparaît étage par étage, de nombreux autres immeubles sont voués à la démolition. Comme si l’on cherchait à faire table rase du passé. Comme si en cassant la verticalité des tours, on pouvait changer radicalement l’image du quartier.
Résumée ainsi, cette histoire ressemble à un triste conte. L’histoire d’un quartier déchu, d’un rêve avorté. Pauvreté, manque de mixité, insécurité… Les idées reçues ont la vie dure pour les territoires comme celui-ci. Très largement entretenues par les médias, elles viennent immanquablement nourrir la montée des racismes et la décomplexion des discours haineux en France et en Europe. Pourtant, la réalité n’est pas aussi manichéenne que l’on veut bien le faire croire. Il est urgent de parler autrement des “quartiers”. Parce que ce sont des lieux de vie comme les autres. Avec leurs joies, leurs peines, leurs réussites et leurs échecs. Ils ont mille histoires à offrir qui peuvent nous appeler à l’humilité.
Pour ce projet, j’ai posé mes valises dans l’espace public. Au grès des rencontres, j’ai tendu mon micro et confié aux habitant·es le soin de me raconter leur territoire. De la colline de Malbosc au Stade de football, de la cascade de la Gloriette à l’immense arbre minéral de la Médiathèque Pierresvives, j’ai commencé à compiler des bouts de récits : souvenirs d’enfance, réflexions philosophiques, revendications, chants, anecdotes…articulés ensemble comme un immense patchwork, ils commencent à constituer un portrait collectif, non exhaustif dont cette exposition vous montre un fragment.
“Une architecture qui abrite la vie” est à lire comme une métaphore : quand Jaafar m’a confié cette citation, en marchant sous les arbres du Grand Mail, il me parlait des serres. Ces édifices à l’architecture éphémère, ouverts à la lumière du soleil et qui permettent au vivant de croître à l’abri des agressions extérieures.
“Une architecture qui abrite la vie” est aussi pour moi celle des grands ensembles, à l’ombre desquels les histoires intimes se tissent à même la rue. Que vont-elles devenir lorsque les murs qui les abritent auront disparu ?
“Une architecture qui abrite la vie” fait enfin référence à la croissance organique. Ici, la nature et l’urbain s’entremêlent en permanence. Il suffit de passer un peu de temps à parcourir le quartier pour comprendre qu’il n’est figé dans son identité de cité que par ce que l’on en dit. Le quartier change, mais pas seulement parce que son bâti change. Il change parce qu’il est société.
La Paillade n’est pas le décor d’un conte de fées. La réalité sociale est complexe. Les obstacles nombreux. À travers chaque histoire singulière, chaque regard, chaque vision, chaque rêve que les habitant·es ont bien voulu me confier, se dessine un quartier à l’image du reste du monde : paradoxal, pluriel et beau dans sa diversité.
Projet mené dans le cadre d’une résidence EMI (Éducation aux Médias et à l’Information), menée en 2024 dans le quartier Paillade / Mosson à Montpellier, menée par avec la complicité de Marie-Pierre Soriano (bibliothécaire), portée par la Médiathèque Départementale Pierresvives et le Département de l’Hérault, financée par la DRAC Occitanie.